En ce début de printemps, alors que la neige, n’a pas été vraiment au rendez-vous cet hiver, les conditions de randonnée en montagne sont bien meilleures que prévu.

Nous jetons notre dévolu sur le Grand Paradis… Direction “Val d’Aoste” puis “Parco del Gran Paradiso” pour notre premier 4000 à ski de l’année…

Un moment de réflexion

Nous avions initialement prévu de faire cette course sur 2 jours avec une première étape au refuge Victor Emmanuel. Mais, prêts à partir, un coup de fil in extremis de Basile nous informe qu’il s’était complètement coincé le dos … pour son dernier jour de ski de la saison. Nous devons donc changer nos plans : pas de nuit en refuge finalement et si nous voulons malgré tout faire cette ascension, il nous faut partir le lendemain matin, du bas.

L’idée chemine : un départ du châlet à 4h30 donc un réveil à 4h, 2 heures de route pour bien commencer la journée et plus de 2000 mètres de dénivelé pour se retrouver à plus de 4000 mètres d’altitude !? Je ne suis pas très chaude d’autant plus qu’il fait super beau et que de mon transat les pieds dans l’herbe tendre du printemps… je la sent aussi bien “cool” la journée de demain.

Mais finalement… après réflexion, why not ?? … Au contraire ça peut être un bon challenge… et puis on le sait, les occasions ou tout concorde (météo, dispo, conditions….et j’en passe) sont assez rares… Donc banco!! On soigne Basile, on s’assure que tout est ok et… au lit de bonne heure, le réveil sera dur…

Direction Pont, puis Victor Emmanuel

Départ quasi à l’heure. Arrivés à Chamonix: Tunnel du Mont-Blanc fermé !! Ça commence bien… bon pas trop de contrainte de temps, on attends…45 mn… à 5h du mat, ça fait long, surtout pour Fix, le conducteur.

Nous passons enfin en Italie et rejoignons le magnifique Valsavaranche, jusqu’au village de Pont. Il est 6h45 quand nous chaussons les skis, nous ne sommes pas en avance…

Au bout d’un quart d’heure, déchaussage, skis sur le dos et crampons. La montée est radicale, mais efficace. Nous remontant un champ de bosses raide et dur, mais au moins on avale du dénivelé.

Sortis de ce terrain nous rejoignons une zone plus plate et rechaussons les skis. Une dernière bosse à l’ombre et puis retrouvons le soleil…et le refuge Victor Emmanuel. Il est à peine 9 heures.

Nous sommes bien dans la course, motivés pour continuer. Nous avons rattrapé les derniers randonneurs -pas très en avance- qui quittent le refuge.

Une petite pause thé pate de fruit s’impose d’elle-même, nous sommes prêts à repartir.

Vers le sommet

Nous entamons cette 2ème partie de la course par une longue traversée ascendente, à nouveau à l’ombre, avec une vue sur le chemin déjà parcouru. Il fait bien froid et j’ai vraiment hâte de repasser au soleil. Allez, encore quelques minutes à lutter contre cette onglée…

Nous basculons enfin au soleil dans une sorte de vallon suspendu. Nous le traversons dans toute sa longueur. Un peu avant sa fin, nous bifurquons sur notre droite toujours en ascendence : il faut prendre de l’altitude.

Un nouveau mur raide devant nous, mais les traces sont bonnes, pas trop radicales et le paysage est de toute beauté.

Les mètres de dénivelé s’enchaînent, l’orientation change et en plus le sommet est enfin en vue… bien loin encore mais le fait de le voir permet de s’imaginer le temps qu’il reste avant de l’atteindre: 2 bonnes heures encore, mieux vaut ne pas être trop optimiste!

Déjà les premiers ascensionnistes du jour ont entamé leur descente. On les croise. Ils ont l’air de bien apprécier. Tout à l’heure ce sera notre cas.

En attendant, nous continuons notre course vers le sommet, nous sommes aux alentours des 3600/3700 mètres d’altitude. Quelques randonneurs s’arrêtent, certains auront du mal à repartir. La motivation maintenant rentre vraiment en ligne de compte.

Un dernier mur, pas le moins rude à gravir, finit par nous mener au pied de l’arrête sommitale. C’est là que nous laissons nos skis, chaussons nos crampons pour faire cette dernière ascension à pied.

Une arrête de neige, quelques blocs à escalader et nous voilà au sommet à 4061 mètres.

Magnifique, comme sur beaucoup de sommets alpins, la Vierge nous accueille. La vue est imprenable, dégagée à 360°. Nous apprécions, pendant quelques instants le temps est suspendu.

La descente

2000 mètres de descente devant nous, du grand soleil et panorama super, bien sauvage. Les 1000 premiers mètres sont en neige dure, parfois piégeuse et croûtée et avec quelques sections en bonne neige.  A mesure qu’on perd de l’altitude la neige se transforme et sous le refuge elle devient “soupe”.

Nous trouvons un endroit où nous arrêter pour faire une pause pique-nique et profiter de cet long et bel itinéraire.

Nous terminons notre descente dans la mélasse, mais restons skis aux pieds jusqu’à la voiture, très contents de notre journée.

Pour avoir fait ce Grand Paradis à pieds et à skis, quel bon choix d’y être retournés à skis!