Il a  à nouveau neigé abondamment le week-end dernier, il fait moche tous les week-ends, pourquoi ne pas profiter de cette petite fenêtre météo en milieu de semaine pour tenter un Mont-Blanc à skis ? Ce serait une belle dernière rando pour clôturer une saison de skis bien remplie.

Les conditions en montagne sont bonnes, le refuge des Grands Mulets est plein tous les week-ends, mais en semaine on a trouvé 2 places. C’est parti !!

Nous poursuivons notre progression et arrivons finalement au bout de 4 heures d’ascension. Nous sommes accueillis par une bonne bière brassée sur place par le gardien.

Le refuge est complet bien que nous soyons en pleine semaine, la saison pour le Mont-Blanc à ski bat son plein. Il faut dire que les derniers week-ends ont été maussades, remettant en bonne condition l’itinéraire.

Montée aux Grands Mulets sous la cagnasse…

Après avoir récupéré Fix de retour de Londres la veille à 23 heures, nous sommes partis ventre à terre pour direction les Contas.

Courte nuit, réveil sous le soleil, rassemblement du matos, paquetage et départ pour le Plan de l’aiguille à 11 heures (on est déjà un peu à la bourre sur notre planing initial, mais bon…)

Il fait déjà très chaud et nous savons que les 4 prochaines heures vont se faire sous la cagnasse. On part rapidement pour ne pas trainer sous les pentes de l’Aiguille du Midi. Le paysage est grandiose, on ne s’en lasse pas… Après une grande traversée en ascendence, nous passons par le glacier de la jonction.

Au bout de 2-3 heures le refuge est en vue, positionné sur un piton rocheux… mais encore loin.

On finit l’après midi en plein soleil (il se couche tard à cette saison, cette altitude et cette orientation…) en repérant, assez confiants, la trace bien marquée qui part en direction de l’épaule nord du Goûter, notre itinéraire de demain…

L’ascension

Après un long moment (plusieurs heures encore) la pente se radoucit et nous pouvons remettre les skis.

La nuit se termine et le soleil, imperceptiblement, commence à se lever. Le ciel d’un bleu profond s’éclaircit lentement avant de tirer sur le violet, puis le rose, l’orange et le feu. En un rien de temps le ciel s’embrase. C’est splendide.

Nous poursuivons notre ascension en passant par la pointe Bravais à 4050 mètres, il y a encore beaucoup de distance à parcourir…

A 8h30 du matin, nous arrivons au refuge Vallot. Ouf!! Je suis bien fatiguée et une pause s’impose.

Après une nuit horrible de 2 heures dans ce refuge bondé et bruyant, nous nous reveillons à 1h30  du matin et partons skis au pieds à 2h30.

Notre décision est de prendre l’épaule nord du dôme du Goûter pour ne pas passer plusieurs heures de montée sous les petit et grand plateaux. C’est plus long et plus technique mais bien moins exposé. Après 2 heures de montée, l’itinéraire se raidit et nous mettons crampons et skis sur le dos et poursuivons l’ascension. La montée est en bonnes conditions, cependant pas 2 fois 20 mètres la glace affleure.

Je me demande même si je ne vais pas m’arrêter là car j’appréhende la suite. Pour tout dire, je ne le sens pas du tout, et si je continue à l’arrache et au moral, je me demande vraiment comment je vais faire pour la descente….

Finalement, la pause à Vallot m’a fait du bien sur le coup. Nous décidons donc de poursuivre à un pas de guide et de nous engager sur l’arête des Bosses. C’est déjà dur, et j’y vais avec les pieds de plomb… Une espèce de lassitude mixée à une grosse fatigue s’est emparée de moi, et je vais la trainer jusqu’au sommet. L’altitude et le manque de sommeil ont un fort impact. Fix est bien plus en forme.

L’arête des Bosses passe … Nous faisons une bonne pause sur un replat… le sommet est encore loin, dans mon souvenir il était juste après…. Je n’ai plus de jus. Nous sommes à plus de 4700 mètres d’altitude et les skis sur le dos pèsent une tonne !!

On repart à un rythme encore plus lent. Encore des bosses et des murs et des traces de montées et dès que je lève la tête ça me déprime !!

Enfin nous arrivons au pied de l’arête sommitale… je la reconnais, belle et effilée avec le sommet en ligne de mire. on avance. Trop contente !! Encore 2 minutes et ça y est enfin, le sommet !! j’en ai vraiment vraiment bavé… Je me décharge de mon sac à dos qui me pèse.

Au sommet, la vue est incroyable, à 360°, sur Bionassay, l’Italie à perte de vue, l’aiguille du Midi et même la Verte parait minuscule !! Nous avons toute la chaîne des Alpes à nos pieds…

Nous sommes une 10 aine au sommet, mais il est suffisamment vaste pour ne pas se gêner. On boit, on mange, on se félicite, on profite… enfin !! On réussit même à faire un Facebook Live.

Tout impressionnés d’être sur le toit de l’Europe, même si ce n’est pas la première fois, nous continuons à contempler en se disant qu’on resterait bien encore plus longtemps pour graver dans nos têtes ce moment si particulier.

Il faut cependant songer à descendre, même si nous n’avons pas encore réalisé qu’il y a urgence…. la dernière benne partant du Plan de l’Aiguille est à 16h30.

Nous enlevons nos crampons, refermons nos sacs, nos chaussures, toutes les écoutilles, une dernière photo du sommet pour la route… chaussons nos skis et c’est parti pour la face nord du Mont Blanc. Chausser ses ski au sommet du Mont-Blanc, c’est quelque chose !!

Comme à chaque fois que je quitte un sommet majeur, je me dis avec un pincement que je ne suis pas prête d’y revenir. Parfois à juste titre… parfois c’est faux !

 

Mont-Blanc inoubliable.

Nous entamons notre retour vers la vallée.

Quel cadeau de partir du sommet à skis, avec des conditions aussi bonnes.

La pente nord, très large et en super neige nous met bien en confiance

pour déclencher le premier virage.

Yihaaaaaaa !! J’ai retrouvé mes jambes !!

C’est parti pour 2500 mètres de descente dans un paysage gigantesque !!

 

La descente

Bientôt nous basculons sur les grand puis petit plateaux. En plein jour, quand on lève la tête c’est très impressionnant. On se retrouve effectivement sous des séracs énormes et la chute, ne serait-ce que d’un morceau, peut être fatale. Il ne faut pas traîner, et cela me conforte dans l’idée que même si c’est plus dur, il est bien préférable et moins dangereux de passer par l’arête nord du Goûter.

Nous passons donc quelques minutes dans cet endroit impressionnant, la neige a déjà changé et s’est transformée avec la chaleur. Mais encore très skiable. Cependant déjà les virages se ralongent … Bientôt le refuge des Grands Mulets à nouveau en vue. Nous passons à son niveau avec vue superbe sur l’aiguille du Midi. Encore de grandes pentes de neige sous nos skis nous ramène sur l’itinéraire de montée. Bientôt nous retraversons à pieds et encordés au niveau de la Jonction.

Nous remettons nos skis, puis nos peaux pour une dernière remontée qui nous remet sur la courbe de niveau nous permettant de passer sous les pentes de l’Aiguille du Midi et de rejoindre le Plan de l’Aiguille sans pousser !!

Arrivés juste à temps, un peu après 16h … finalement les bennes descendront jusqu’à 18h, du fait d’une forte affluence. Nous croisons Jeff Mercier qui revient d’une tentative d’ouverture dans les aiguilles de Cham.

 

Entre le sommet et 4000 mètres, la neige est top. Poudreuse trafolée, mais vraiment bien, quelques virages enchaînés en faisant gaffe, mais pas une crevasse en vue. C’est étonnant et top.

L’altitude se perd à toute vitesse, et nous passons au large de notre montée que l’on peut voir : arête des Bosses qui se détachent dans le ciel, refuge Vallot…