Retour à la Verte. Mais par sa face Nord, ce coup-ci! Le Couturier!!!

Ça fait pile 3 ans que j’ai pour la première fois foulé le sommet de la Verte… et j’en garde le souvenir intact, fascinant, comme un moment “suspendu”.

Quelle chance et quelle joie d’être aux Contas pendant les vacances de Paques, d’avoir beau temps plusieurs jours d’affilée (ce qui n’a pas été souvent le cas cet hiver), d’être organisée pour aller en montagne, d’y trouver des conditions optimales et d’avoir Ricardo, disponible et motivé. 

Fix travaille et je mesure vraiment cette chance… quand je l’appelle au téléphone une fois arrivée en haut des Grands Montets face aux Drus et à la Verte.

Un bivouac étonnant

C’est également ici que va avoir lieu notre bivouac de fortune : gare d’arrivée des Grands… un peu spartiate, pas très clean (pas de WC) mais l’endroit a le gros avantage d’être au plus près du départ de la course, pas onéreux du tout et surtout on laisse tout le matos de bivouac le matin et le gardien redescend tout le barda par la 1ère benne.

On a donc monté les sacs de couchage, carimat, popotte, dîner+petit dej, l’eau en pagaille (on a eu le nez creux car on ne savait pas qu’on n’aurait pas accès aux toilettes pour faire la cuisine et remplir nos gourdes !!)

Bref, ambiance sympa car nous n’étions pas seuls au RDV : 2 militaires de Grenoble, un guide italien et sa cliente que Ricardo connait et d’autres nationalités (anglo-saxons qui vont faire les Autrichiens).

Rapide dîner autour du bleuet et recherche du meilleur endroit pour dormir : une planche de bois sous le tapis de sol de la gare pour isoler de l’humidité + un panneau de bois posé le long du mur pour boucher le trou d’air.

A 8 heures extinction des feux (en tout cas pour moi…), Ricardo doit réfléchir à son discours de Président de la Compagnie des Guides dont l’AG a lieu le lendemain soir. Pour ma part, je m’endors assez vite, complètement emmitouflée dans ma doudoune et mon sac de couchage de peur d’avoir froid. 

Réveil 3h45 plus tard… minuit moins le quart…!!! Pour le petit dej… c’est le plus dur. Rangement et préparation du sac. Départ du bas des marches des GM à 1h moins le quart. Il ne fait pas froid, mais nous sommes au début de la nuit. 

C’est parti !

Le départ se fait à toute vitesse, passage rapide sous le couloir Cordier… on va vite, aussi vite que ceux qui ont décidé de faire l’approcha à skis, c’est dire !

Au pied du couloir, le début monte gentiment, on prend un bon rythme en corde tendue jusqu’à la rimaye. Impeccable. On continue, toujours en corde tendue, jusqu’aux longueurs en glace. C’est déjà beaucoup plus raide. Les 2 bonnes longueurs en glace me permettent de reprendre un peu mon souffle… Mais c’est quand on repart corde tendue que j’ai commencé à gerbouler mon petit déj… puis mon dîner… bref pendant 2 longues heures j’ai l’estomac complètement en vrac. Dès que j’essaie de prendre du coca ou du thé pour me remettre, tout repart aussi sec… à 3 ou 4 reprises. Ricardo est un peu inquiet et se demande si on doit faire demi-tour. Pour ma part, c’est hors de question et je lui explique que je suis assez sensible de ce côté-là, surtout lors d’eforts violents à 4 heures du mat. Quoiqu’il arrive je prends sur moi et en général ça passe… et c’est passé.

L’ascension se poursuit, la nuit avance et déjà au loin au devine les premières lueurs de l’aube : le noir de la nuit se change en bleu profond, puis de plus en plus clair… nous ne sommes plus loin du sommet. Le bleu so violace, puis rosit pour finalement passer par toute la palette d’oranges et jaunes. 

Le jour est tout proche et nous sommes quasiment au sommet, avec le lever du soleil, majestueux comme un roi… La sortie de la voie se fait par la calotte, quasiment à l’aplomb du sommet. 

Enfin le voici, ce sommet de la Verte, après 1000 mètres de dénivelé, le long de cet immense toboggan de neige et de glace. J’avais tellement envie d’y revenir, que même à genoux j’y serais monté.

En haut, tout est calme et serein et je profite de cet éphémère moment où l’on a l’impression que le temps restreint son cours : la vallée est encore toute ensommeillée, et alors qu’au sommet le soleil est déjà bien levé, l’ombre portée de la Verte cache Chamonix encore endormie…

Plein est, l’arête sommitale nous tend les bras et c’est avec regret que nous songeons déjà à redescendre. Il ne faut pas tarder carle chemin est encore long (15 rappels au moins), et même si on droppe il ne faut pas trainer dans le Whymper qui prend très vite le soleil.

Nous retrouvons une cordée avec laquelle nous acceptons, un peu sous la contrainte, de faire quelques rappels communs. La cliente italienne est moins rapide, le guide italien un peu trop entreprenant, nous finissons par avancer plus vite et à les laisser se débrouiller, tout en jetant un coup d’oeil au cas où.  

À 10H50 nous sommes en bas de la rimaye

Nous retrouvons les 2 militaires de Vars. J’appelle IMMÉDIATEMENT Fix, très très contente et consciente de ma chance : je savoure. Il nous reste une grosse partie à venir… le retour en raquettes jusqu’au Montenvers : des heures de marche dans une neige qui enfonce; belle initiation pour moi que je ne suis pas prête d’oublier.

Passage à proximité du Couvercle, les Égralets, la Mer de Glace et au loin la gare du Montenvers. Après une courte pause déj, nous atteignons le Montenvers vers 15h30/16h. Juste le temps de redescendre, de retourner aux GM récupérer les sacs, de se changer car il fait une chaleur de presqu’été dans la vallée. Pas loin de 17 heures… la bière sera pour plus tard… Ricardo sera à l’heure à son AG!