La pointe Lachenal sans appareil photo

Quasiment un an jour pour jour après le Grand Cap nous voici à la Pointe Lachenal pour faire la voie Contamine en 6b max, avec Ricardo. On profite d’une petite fenêtre météo puisqu’il pleut à Cham dans la vallée et que le beau temps est prévu temporairement au dessus de 2500m.

On a troqué une belle voie à l’Envers, contre la Contamine, ce n’est pas si mal…

La benne de l’Aiguille a du mal à partir, là aussi pour de sombres raisons météo. Mais finalement nous partons direction le sommet pour un spectacle toujours aussi fascinant. Rien que le départ sur l’arête c’est du bonheur : le gros bol d’air.

Une heure d’approche nous met au pied de la voie. Passage de la rimaye facile, on enlève crampons et grosses sur une  mini plateforme, pile devant le départ. Une autre cordée (d’italiens) arrive avec qui nous faisons la course.

Au départ, à hauteur des yeux, Ricardo me montre un four à cristaux (vide, bien-sûr) mais qui a dû apparaitre avec le recul du glacier. En y rentrant la main, on sent les cristaux sur la paroi. La formation des cristaux en montagne est un phénomène qui m’a toujours impressionnée et ça me rappelle ma course à Bionnassay avec Fix, quand un guide nous avait découvert un four sur le 1er dôme de Miage.

Bref, nous voilà prêts au départ de la première longueur… qui envoie (6b ? déjà ?). A froid, en second, ça réveille… alors en tête…

Le granite est parfait : beige en début de matinée, puis rougit à mesure que le soleil chauffe; rugueux et abrasif à souhait. Les longueurs qui suivent sont bellees, Ricardo est en forme… il bloque et coince à tours de bras… tout va bien.

La 3ème longueur renfougne dans une cheminée qui passe entre 2 surplombs. Il faut l’aborder en attrapant les bords intérieurs des surplombs en inversé d’abord, puis en opposition en montant lesz pieds pour se hisser dans la cheminée (beau mouv).

La 4ème longueur amène à une petite terrasse au pied des 2 longueurs en 6b. Ricardo est reparti : un petit pas de réta au pied des fissures… pas évident: “Tu fais gaffe, Sophie, il manque un graton pour la main droite”; “Ok”.

Ça y est, en quelques minutes, Ricardo est au relais de la première longueur en 6. A moi. Le pas de réta pas évident du tout, mais passé en libre. Ouf. La fissure maintenant: 50 mètres de fissure rectiligne dans un granite parfait qui saute à la figure!! C’est bien là et pas ailleurs que ça passe… il faut y aller, en dulf et en dynamique, une main après l’autre dans la fissure, les pieds le plus haut possible dans la dalle ou en coincement. Tout tient nickel. Les 2 longueurs de rêve s’enchainent merveilleusement, c’est une régalade d’escalade. Nos collègues italiens apprécient aussi : “bellissimo, magnifico, stupendo…”.

Les 2 longueurs suivantes en 4 et 5 nous emmènent à une fenêtre de blocs de granite énormes posés entre eux. C’est sur ces blocs que passe la dernière longueur en 4 qui mène au sommet. Les derniers pas athlétiques pour monter sur la “fenêtre” ne sont pas si faciles. Un dernier coincement et nous y sommes.

Bises au sommet, un coup de coca, chacun reprend ses esprits et profite de quelques minutes au sommet. Un silence d’éternité… que c’est bon…! Il est 14 heures. Nous laissons la cordée italienne arriver avant de lancer les rappels. Un copain guide de Ricardo l’a rencardé sur l’arrivée du 1er rappel à pile 50 mètres bien à droite, après un dièdre. Tout va bien, on a un rappel de 60. 

On blinde les rappels et le retour, puisque partis du sommet à 14h15 on arrive à l’Aiguille du Midi à 17h15. Toute la journée au soleil… escalade mémorable. Vivement la prochaine.